Les réservoirs controversés n’étaient « associés à aucune véritable mesure d’économie d’eau », a-t-il jugé.

Les réservoirs sont destinés à fournir aux agriculteurs de l’eau pour un usage agricole en été, mais les critiques affirment qu’ils constituent une accumulation d’eau et sont préjudiciables à l’environnement.

Un tribunal français a annulé deux projets controversés de « méga-réservoirs » (méga-bassines) dans l’ouest de la France, invoquant leur « manque d’adéquation » dans le contexte du changement climatique.

Les réservoirs, dont des projets existent dans toute la France, étaient censés contenir jusqu’à trois millions de mètres cubes d’eau répartis dans 15 réserves du Poitou-Charentes.

Les partisans de tels réservoirs affirment qu’ils serviront de « réserve » d’eau pour les agriculteurs et prélèveront l’eau du sol en hiver uniquement, de sorte qu’ils utiliseront moins d’eau souterraine pendant les mois d’été, lorsque la ressource est rare.

Mais les critiques, y compris les défenseurs de l’environnement, affirment que les réservoirs constituent une thésaurisation injuste de l’eau et aggraveront les problèmes existants liés à la baisse du niveau des eaux souterraines et aux conditions de sécheresse. Ils disent également que les réservoirs gaspillent environ 20 % de l’eau par évaporation seule.

Il n’existe pas de chiffre officiel sur le nombre de ces « bassins » en France. Un site Internet du gouvernement suggère qu’il existe environ 100 projets de ce type, mais les groupes de campagne environnementale Bassines non merci et Les Soulèvements de la Terre affirment qu’il y en a environ 300. La plupart se trouvent dans l’ouest du pays.

Lire la suite : Que sont les « méga-réservoirs » français et pourquoi sont-ils si controversés ?

Tribunal : « Inexactitudes, omissions et insuffisances »

Le tribunal de Poitiers a été saisi du dossier de neuf projets de ces réservoirs dans les départements de la Charente, de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, et de six autres près de Pallu, dans la Vienne.

L’objectif des opposants était de demander au tribunal d’annuler l’arrêté préfectoral autorisant le démarrage de ces projets de retenue en 2021.

Dans son arrêt du 3 octobre, le tribunal a annulé deux projets et a déclaré qu’il y avait « des inexactitudes, des omissions et des insuffisances » dans l’étude d’impact environnemental réalisée pour les bassins.

Ces problèmes « ont eu pour effet d’empêcher la fourniture d’une information complète au public », a déclaré le tribunal.

Elle a également constaté que «les projets ne sont associés à aucune véritable mesure d’économie d’eau et ne tiennent pas compte des effets prévisibles du changement climatique».

A Vienne, les juges ont qualifié les projets de « surdimensionnés » par rapport au volume d’eau destiné à être prélevé dans le milieu, et par rapport à ce que le milieu aquatique local serait « capable de fournir dans des conditions écologiques satisfaisantes ».

Il a également déclaré que les projets ne prenaient pas en compte les « effets prévisibles du changement climatique ».

Projets controversés et manifestations

Les bassins se sont révélés très controversés. Un tollé a éclaté en mars de cette année après qu’une manifestation sur le site du réservoir de Sainte-Soline soit devenue violente. Un homme a été grièvement blessé et laissé dans le coma après des affrontements avec la police et la gendarmerie. Des gaz lacrymogènes et des quads ont été utilisés pour dissiper la foule.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a même demandé la dissolution du groupe de contestation Les Soulèvements de la Terre.

Lire la suite : Le ministre français souhaite la dissolution du groupe écologique suite aux violences dans les réservoirs

Sainte-Soline (avec un autre site à Mauzé-sur-le-Mignon) fait partie d’un projet de 16 retenues autour du bassin de la Sèvre et du Mignon près de Niort.

Ces 16 réservoirs stockeront à eux seuls un total de six millions de mètres cubes d’eau et seront utilisés par une coopérative de 450 agriculteurs, avec le soutien de l’État.

Les agriculteurs les appellent « polices d’assurance-vie » en cas d’étés secs et affirment qu’elles sont essentielles pour protéger leur capacité à cultiver et à fournir de la nourriture même lorsque l’eau serait autrement rare.

Cependant, la baisse du niveau des eaux souterraines en France a conduit à une aggravation des conditions de sécheresse pendant les mois d’été, avec des centaines de communes se retrouvant sans eau potable au plus fort de l’été de cette année.

Ce n’est pas la première fois qu’un tribunal annule des projets de réservoirs.

En janvier, la cour administrative d’appel de Bordeaux a annulé six projets en Charente-Maritime, estimant que la quantité d’eau prévue pour les retenues était « excessive ».

Plus tard, en février, le Conseil d’État a interdit le remplissage de cinq autres réservoirs dans le département, faute d’études sur leur impact.

Articles connexes

Feu vert aux « méga-réservoirs » controversés dans l’ouest de la France
Plusieurs blessés lors d’une « manifestation contre le bassin d’eau » en France : que s’est-il passé ?
Un homme dans le coma après des « violences intolérables » lors des manifestations contre les réservoirs en France

La justice annule deux projets de « mégabassins » d’eau dans l’ouest de la France

Laisser un commentaire

Traduire »