La réouverture du tronçon ferroviaire transfrontalier traversant les Pyrénées entre Bedous en France et Canfranc en Espagne et reliant à terme Pau à Saragosse, reste au centre des préoccupations. Récemment, la Commission européenne a renouvelé son soutien au projet en accordant 9,1 millions d’euros à un programme d’études techniques dans le cadre du Mécanisme européen d’interconnexion (EIM).

Cette somme est complétée par l’autorité publique de la région Nouvelle-Aquitaine, le gouvernement de la région d’Aragon, le ministère espagnol des Transports et le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire espagnole, l’ADIF, portant le total à un peu plus de 18 millions d’euros. Mais la ligne, fermée depuis 1970 à la suite d’un accident ferroviaire impliquant un train de marchandises qui a détruit un pont, ne devrait pas rouvrir avant 2030.

‘Déclaration d’utilité publique’ demandée

Le montage financier financera « la réalisation de toutes les études et procédures nécessaires pour que le projet soit déclaré d’utilité publique en France, la réalisation d’une étude fonctionnelle pour remodeler le réseau ferroviaire local de Saragosse afin d’atténuer les problèmes identifiés, et des études pour concevoir des itinéraires de fret ferroviaire à destination et en provenance de la frontière française », a souligné la Région Nouvelle-Aquitaine. Parmi les objectifs du programme figurent également la finalisation des études techniques pour la réouverture du tunnel ferroviaire international du Somport, en vue de préparer les travaux à réaliser dans les phases ultérieures, ainsi qu’un projet de construction pour relier la ligne au pôle logistique Plaza de Saragosse.

Calendrier prévisionnel

Le mois prochain devrait voir « l’achèvement des études d’avant-projet couvertes par l’actuel EIM », selon un calendrier provisoire. Une enquête publique et des autorisations administratives côté français devraient avoir lieu sur la période 2024-2025 avec « la réouverture de l’ensemble de l’itinéraire à la circulation d’ici 2030 ».

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Image : © Alban Gilbert

La région Nouvelle Aquitaine reste positive

Si le renouvellement du soutien financier est clairement une bonne nouvelle pour le projet, la part du lion des 18,2 millions d’euros sera consacrée aux études techniques. Le financement de la phase de travaux du projet doit encore être chiffré et sécurisé. Cependant, Renaud Lagrave, vice-président en charge de la Mobilité à la Région Nouvelle-Aquitaine, s’est montré optimiste, citant plusieurs sources de financement potentielles.

« Premièrement, la Commission européenne. Lorsqu’elle finance la phase d’étude des projets, il s’ensuit souvent qu’elle finance également la phase de travaux. Et effectivement, du côté espagnol, le projet en a bénéficié », a-t-il déclaré à Railfreight.com dans une interview. « Dans un deuxième temps, SNCF Réseau pourrait apporter un soutien financier et bien sûr la région Nouvelle Aquitaine. Qui sait, dans les années à venir, nous pourrons peut-être convaincre l’État français de nous rejoindre également.»

Contacté par Railfreight.com, un porte-parole du gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire française, SNCF Réseau, a déclaré : « Nous accompagnons la région Nouvelle-Aquitaine dans sa volonté de rouvrir la ligne Bedous-Canfranc », se refusant à tout autre commentaire. Lagrave a refusé d’estimer le niveau d’investissement requis dans la phase de travaux. « Il n’est pas possible de donner un chiffre précis à ce stade. Nous aurons sans doute plus de détails l’été prochain sur les 33 kilomètres de voie ferrée côté français qui feront l’objet des dépenses.»

L’Espagne continue d’investir dans la ligne

Lagrave a confirmé que les partenaires espagnols du projet étaient très en avance sur leurs homologues français. « Ils progressent rapidement et le principal avantage dont ils bénéficient est le fort soutien financier de l’État. » Selon lui, cela contraste fortement avec le manque d’engagement montré jusqu’à présent par l’État français dans la réouverture de la ligne. « Nous espérons que cela changera et nous faisons tout ce que nous pouvons pour y parvenir. Et nous ne sommes pas seuls. La Commission pousse également la France à s’impliquer et le ministre espagnol des Transports a lancé cet appel à de nombreuses reprises. Le lancement de l’enquête publique, à l’automne 2024, pourrait déclencher une réponse (positive) de la part des autorités françaises.»

L’Espagne consacre 128 millions d’euros à d’importants travaux de construction visant à rénover et réparer les ouvrages d’art et de drainage et à moderniser la ligne Saragosse-Huesca-Canfranc. Les fonds seront notamment déployés pour modifier l’écartement des voies sur le tronçon Huesca-Canfranc, qui mène à la frontière française à Bedous. Il s’agit également de mettre la signalisation aux normes européennes et aux normes internationales de circulation et d’entreprendre des travaux dans certains virages de la ligne pour permettre une augmentation de la vitesse des trains.

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Image : © Région Nouvelle-Aquitaine

Réduire les embouteillages

Il existe actuellement quatre lignes ferroviaires reliant la France et l’Espagne et l’importance du tronçon Bedous-Canfranc réside dans le fait qu’il est le seul à être relativement proche du côté atlantique de la frontière, reliant Irun et Hendaye. La réouverture du tronçon Canfranc-Bedous offrirait donc aux chargeurs et aux prestataires logistiques un itinéraire alternatif à la route, à l’heure où la pression s’accentue pour réduire le trafic des camions entre la France et l’Espagne pour des raisons environnementales.

« La liaison Pau-Saragosse est un axe international majeur, notamment pour le fret, capable de désengorger l’autoroute A63 « corridor atlantique », reliant le sud-ouest de la France à l’Espagne par la route la plus directe, via la chaîne des Pyrénées qui constitue actuellement une barrière de 350 km », a souligné la Région Nouvelle-Aquitaine. Il ajoute que la réouverture au trafic de fret ferroviaire de la ligne Pau-Bedous-Canfranc-Saragosse bénéficierait aux industries automobile, céréalière et chimique ainsi qu’au pôle logistique Plaza de Saragosse, tout en assurant des liaisons avec le port sec de Barcelone ainsi que ainsi que Valence et Madrid.

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