Les liens entre le Royaume-Uni et la Nouvelle-Aquitaine sont historiques et étroits. À l’heure où les négociations sur le Brexit s’accélèrent, de nombreuses questions se posent sur la solidité de ces liens. L’influence britannique sur l’économie de la région se mesure en partie à travers la population britannique, tant résidente permanente que touristique, mais aussi à travers la localisation des entreprises dont le centre de décision se trouve au Royaume-Uni.
Vivre en Nouvelle-Aquitaine : le choix de 39 000 Britanniques
En 2014, la Nouvelle-Aquitaine comptait 39 000 habitants de nationalité britannique, soit 0,7 % de la population de la région. Après les Portugais, ils constituent le deuxième groupe d’étrangers en importance. La Nouvelle-Aquitaine accueille plus de résidents britanniques que toute autre région française et 26 % d’entre eux ont fait de la région leur résidence permanente. Viennent ensuite l’Occitanie (17 %) et l’Île-de-France (13 %). La France compte 150 000 résidents britanniques, soit 1,5 fois plus que l’Allemagne, mais seulement la moitié du nombre d’Espagne. Dans la région, les Britanniques ne semblent pas particulièrement attirés par la côte. Ils se concentrent plutôt aux frontières départementales, dans des zones à dominante rurale, qu’ils contribuent à revitaliser (figure 1). Ils représentent souvent plus de 15 % de la population dans les communes confrontées à des problèmes de désertification ou connaissant des difficultés sociales.
graphiqueFigure 1 – De plus en plus de Britanniques vivent dans les communes de Charente et de DordogneNombre et part de Britanniques par commune en Nouvelle-Aquitaine
Une population composée majoritairement de seniors propriétaires
L’âge moyen des Britanniques de la région est de 52 ans, la moitié a plus de 58 ans et la plupart ont plus de 65 ans. Ces résidents constituent 21 300 ménages, dont les trois quarts sont composés uniquement de Britanniques. La majorité des résidents (88 %) vivent avec un propriétaire occupant britannique. Par rapport à la population régionale, la majorité des Britanniques sont des retraités. Toutes situations confondues, 70 % de ces résidents sont inactifs (figure 2).
tableauFigure 2 – La moitié des Britanniques de Nouvelle-Aquitaine sont retraitésRépartition de la population britannique en Nouvelle-Aquitaine par type d’activité
Nombre | Dans % | |
---|---|---|
Travailleurs dans la population active occupée | 10 200 | 26,1 |
Chômeurs | 1 500 | 3,8 |
Les retraités | 18 600 | 47,6 |
Étudiants | 1 900 | 4,9 |
Moins de 14 ans | 3 400 | 8,7 |
Femmes au foyer | 2 000 | 5,1 |
Autre inactif | 1 500 | 3,8 |
Total | 39 100 | 100,0 |
- Source : Insee, opération principale Recensement de la population 2014
Parmi les Britanniques en emploi, 37 % sont des entrepreneurs individuels, 18 % exercent une profession intermédiaire et 16 % sont salariés. La moitié de ceux qui travaillent travaillent dans le commerce, les transports et les services divers.
Les retraités, moteur de l’immigration britannique de 1999 à 2008
En France, la Nouvelle-Aquitaine se distingue par le taux de retraités britanniques le plus élevé, suivie par la Bretagne et la Normandie. Le profil des Britanniques en Nouvelle-Aquitaine est similaire à celui de la région voisine d’Occitanie et reflète une présence résidentielle liée aux loisirs. A l’inverse, dans les Hauts-de-France, région géographique la plus proche du Royaume-Uni, cette présence est davantage due à la migration professionnelle ; la proportion de travailleurs dans la population active occupée est considérablement plus élevée (figure 3).
En 1968, 840 Britanniques vivaient en Nouvelle-Aquitaine, soit deux Britanniques pour 10 000 habitants dans la région. Le nombre de Britanniques s’installant ici a augmenté plus rapidement que le reste de la population régionale, et à partir de 1999, il s’est intensifié. La région attire une population de plus en plus âgée, venue prendre sa retraite. À partir de 2008, le rythme de croissance de la population britannique ralentit pour correspondre à celui de la population de la Nouvelle-Aquitaine dans son ensemble. En 2014, les Britanniques étaient 50 fois plus nombreux qu’en 1968. En moyenne, ils vivent en Nouvelle-Aquitaine depuis dix ans.
tableauFigure 3 – En Nouvelle-Aquitaine, deux fois plus de retraités que d’actifs occupésPart des retraités et des travailleurs occupés parmi la population active parmi les Britanniques
Dans %
Les retraités | Travailleurs dans la population active occupée | |
---|---|---|
Nouvelle-Aquitaine | 47,8 | 26,1 |
Hauts-de-France | 23,0 | 43,1 |
Occitanie | 41,8 | 31,1 |
France métropolitaine | 34,7 | 36,7 |
- Source : Insee, opération principale Recensement de la population 2014
graphiqueFigure 3 – En Nouvelle-Aquitaine, deux fois plus de retraités que d’actifs occupésPart des retraités et des travailleurs occupés parmi la population active britannique
Touristes et emplois dans l’économie locale
Les touristes d’outre-Manche contribuent largement au secteur de l’hébergement dans la région. Depuis 2010, les Britanniques occupent la première place parmi la clientèle étrangère dans les hôtels et la troisième place dans les campings, derrière les Néerlandais et les Allemands. En 2016, le classement par nationalité était exactement le même aux niveaux régional et national. Les clients britanniques ont dépensé 545 000 nuitées dans des hôtels en 2016. Ils privilégient les établissements 3 étoiles ou plus, où ont été effectuées 73 % de ces nuitées. Les départements les plus visités par ces touristes sont la Gironde (29 % des nuitées), les Pyrénées-Atlantiques (19 %) et la Charente-Maritime (17 %). La présence britannique s’accroît également via l’implantation d’entreprises. Dans la région, les entreprises sous contrôle étranger qui dépendent de centres de décision situés dans l’Union européenne emploient 56 000 travailleurs. Comme au niveau national, un cinquième de ces emplois se trouvent dans des entreprises dont la tête de groupe est située au Royaume-Uni. Il s’agit presque toutes d’entreprises de taille intermédiaire (52 % des emplois) et de grandes entreprises (44 %). La moitié de ces salariés travaillent dans le commerce de gros et de détail, les transports, l’hébergement et la restauration.